EXTRAITS DE PRESSE SAISON 2002 2003 de "La nuit juste avant les forêts"

Journal La Griffe no 132 du 06 au 19 novembre 2002


"SOLITUDE QUAND TU NOUS TIENS"Quel plaisir de découvrir ou de redécouvrir le renversant monologue de Bernard-Marie Koltès La nuit juste avant les forêts, monologue constitué d'une seule phrase sur soixante-trois pages sans aucune ponctuation. Une pièce qui brosse avec force un tableau sans concession de la société, productrice de solitude. La Compagnie du Songe donne à voir et à ressentir ( au TNT àNantes en ce moment, puis à Angers et Rennes bientôt) la révolte et les manques d'un personnage exclu, errant, étranger. Ce théâtre dit "littéraire" devient alors accessible à tous et cette "lecture mise en scène" exalte la beauté du texte.

Seul en sène, Claude Kagan habite avec justesse cet étranger dans la rue qui par une sorte de monologue intérieur exprime l'enfer urbain, la violence de la solitude contemporaine. Vêtu d'une chemise boutonnée de travers, de baskets, jogging et bonnet, sans âge, sans style, sans temps, il se lance à corps et à voix perdus, dans une partition musicale, une longue phrase sans interruption. Son corps parle ; le déroulement des épaules, les membres tendus, tout en lui révèle la rage, la vulnérabilité du personnage. Il se bat, se débat tente par ses paroles et par tous les muscles de son corps de séduire cet inconnu à qui il parle, à qui il exprime son désir, désir d'aimer.

Claude Kagan a travaillé une gestuelle particulièrement habile et à propos. Chorégraphié, son corps se désarticule, se saccade parfois et renforce le texte qui dans sa bouche éclate à nos sens. Il interprète le personnage de Koltès comme un exclu d'aujourd'hui, étranger sans domicile fixe, vivant une cruelle réalité, celle de la galère des rues, la nuit à la recherche d'amour et d'amitié. Marie Pierre Hornn a conçu une mise en scène simple dédiée entièrement au texte et à son interprétaion par le comédien.Elle permet l'écoute et l'immersiondu spectacteur dans l'abime de cette rue nocturne. Et même si on aurait aimé une scénographie plus dépouillé encore et moins réaliste, on ne peut que vanter le choix de faire du comédien l"unique "livreur" de ce boulerversant écrit. l'acteur dans cette configuration devient le "texte debout". l'intimité de la salle du TNT nous rapproche du personnage et accentue le sublime du texte. La Compagnie du Songe a réussi son pari : celui de laisser au comédien le soin de vivre les mots de Koltès sans fards, sans excès, et donc celui de laisser le texte au spectacteur tout simplement. Marie Kay

HEBDOMADAIRE PILS no 194 du 13 au 19 novembre 2002

KOLTES AU TNT

Lumière dans la nuit...

Trop tôt disparu, au terme d'une carrière tardive et fulgurante, bernard-Bernard Koltès nous a laissé quelques textes qui résonnent étonamment juste aujourd'hui. Ainsi, la nuit juste avant les forêts, ce cri de révolte douloureux d'un étranger perdu dans une nuit qui semble ne devoir jamais finir, peuplée de fantômes auxquels il cherche en vain à arracher, un mot, un sourire, un baiser..

Depuis sa création (off d'Avignon 1997), le texte fait désormais partie des classiques. Marie Pierre hornn en propose une lecture sobre, juste, émouvante, son personnage, sans abri, sans ami, évoluant dans un indéfinissable no man's land, accompagné d'un trait de lumière.Une divagation tout juste ponctuée de quelques mouvements de musique. Le texte n'en a que plus de force.

Et le texte _ qui n'est pas sans rappeler l'urgence de certaines situations bien actuelles est servie par un remaquable Claude Kagan. Comme encombré de sa "grande carcasse osseuse" les yeux fouillant l'obscurité, les mains souvent tordues de ne pouvoir étreindre, le comédien nous embarque dans ses colère, ses rêves, ses obsessions, ses hallucinations... Comme perdudans un tourbillon de maux et victime du vertige des mots. Que celui qui n'a jamais cherché un camarade, une pute, un loulou ou un loubard a qui parler passe son chemin.Cette nuit ne lui portera même pas conseil.

Que tous les autres, par contre, attentifs aux voix perdues, se précipitent sans attendre. C'est fou ce que ce texte nous dit sur notre société d'aujourd'hui. Comment ne pas se reconnaître dans le regard que porte sur elle un étranger dont on voudrait qu'il ne le soit plus tout à fait. V Braud


OUEST FRANCE ANGERS SEGRE no 17677 lundi 2 dec 2002.

"La nuit juste avant les forêts" de Bernard-Marie Koltès, au Champs de Bataille

LES CIRCONVOLUTIONS DU LANGAGES

Le théâtre du Champs de Bataille accueillait la semaine dernière la compagnie du songe (Saint-Sébastien-sur-Loire) pour sa pièce "La nuit juste avant les forêts", monologue d'une phrase de Bernard Marie Koltès, à la puissance verbale déroutante

Le Champs de Bataille s'est résolument tourné vers la création cotemporaine. l'une de ses meilleures plumes, Bernard Marie Koltès, était mise en scène la semaine dernière. Mise en scène et parfaitement servie par la compagnie du Songe et son comédien Claude Kagan, l'étranger de ce monologue d'une seule phrase de soixantes pages sans ponctuation. Les angevins ont déjà eu l'occasion, récemment, d'être surpris par cette langue avec ce mano à mano verbal qui nourrissait la pièce de "la solitude des champs de coton" ( Festival Repérages, juin 2002)

Ici la confrontation est celle d'un homme face à sa solitude.La solitude des grandes cités qui charrient les exclus, qui isolent d'autant mieux qu'elles vous plongent au milieu des autres. Une simple palissade de tôle, une échelle, et le verbe se déploie, la langue prend corps. Une langue comme la jalousie shakespearienne qui produit l'aliment dont elle se nourrit. C'est un cercle, une spirale infernale faite de propositions récurrentes, de violences contenues parce que dites.

L'homme est seul et se voit seul : il dégrade sa situation en la verbalisant. Cet enfant qu'il rencontre, derrière lequel il court, n'est-ce-pas lui, son temps retrouvé puis perdu à nouveau ? Il veut prendre la défense des loulous pas bien forts avec son Syndicat International. Il se souvient de cette prostituée qui est morte d'avoir mangé de la terre. Il se rapelle que les femmes parlent toujours trop et que le mot est castrateur. Etrange quête d'une parole qui se noie dans son flot qui se veut unificateur, conciliant, créateur.

Il y a chez Koltès cette ambivalance de la distance et de la proximité : distance de l'autre, toujours plus loin de soi ; proximité du moi, adhésion complète avec le mot qui achoppe au monde. Tout cela mérite une composition juste et une approche efficace et la compagnie du Songe n'a pas failli à ces deux exigences.


OUEST France Rennes 7 02 2002


Le "verbe juste" de Koltès
…Le corps du comédien Claude Kagan, sa voix véhiculent avec tant de minutie ce "verbe juste" de Koltès que l'homme de chair et d'os qui divague sous la voûte de Vieux-St-Etienne nous attrape par la conscience et ne nous lâche plus. Le théâtre est si beau quand il est écrit comme ça…
juste et une approche efficace et la compagnie du Songe n'a pas failli à ces deux exigences.


Isabelle MOREAU - OUEST France", le 3 novembre 2001.


…KOLTES LA PAROLE QUI REVEILLE :
" La nuit juste avant les forêts ", histoire d'un étranger en quête d'amitié, ce monologue brûlant signé Koltès et interprété magnifiquement… Dans une mise en scène juste et sobre signée Marie-Pierre Hornn, cette "Nuit Juste avant les Forêts" résonne comme une parole de vérité, cruelle mais lucide, torturée mais profonde, extrême mais nuancée. Seul en scène Claude Kagan, bouleversant d'humanité, pousse son personnage jusque dans ses moindres retranchements et l'incarne avec une rare conviction, exprimant avec un mélange de puissance et de délicatesse, les infinies variations de l'être humain..."



Didier Le Bougeant Mensuel TETU 1 02 2002


…Claude Kagan seul sur scène , retrace cette course à travers la nuit. Il court, se débat, affronte et tente de séduire cet inconnu auquel il s'adresse. Il court, court, et retrouve ce camarade qu'il aime. Mais la pluie, la pluie, toujours la pluie…


Vu dans Ouest France Tenue de Soirée et Page Cinéma

3 et 4 novembre 2001